Avec Bordeaux Fête le Vin, La filière viti-vinicole vient de vivre l’évènement incontournable pour les viticulteurs, les négociants et le grand public.
Le CIVB, Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, nous donne l’occasion d’évoquer les retombées de cet événement, les tendances de l’œnotourisme bordelais et de faire le point sur la démarche RSE initiée par l’ensemble des acteurs.
Invest in Bordeaux a interrogé le Directeur de la Communication du CIVB, Christophe Chateau, pour en savoir plus sur l’actualité économique de la filière.
Fête du Vin : quelles sont les retombées sur la filière vin et l’économie locale ?
Le bilan est très positif, le public était au rendez-vous dans une ambiance particulièrement conviviale, festive, en famille et entre amis. Le vin était le héros de la fête, accompagné bien sûr de la gastronomie, de la musique, des bateaux… La nouveauté cette année c’est le spectacle de drones, encore jamais vu à Bordeaux. Cela a permis de faire la promotion d’une entreprise bordelaise, Dronisos, qui a parfaitement fait honneur aux vins de Bordeaux.
Quelques chiffres qui illustrent ce succès : nous avons vendu 40 000 pass, plus de 15 000 personnes ont été formées sur le stand de l’Ecole Du Vin et plus de 8 000 personnes ont visité les bateaux.
Concernant l’économie locale, l’activité des hôtels et des restaurants a été particulièrement forte grâce aux nombreux touristes. En effet, on estime entre 20 et 25 % de public étranger, bien plus que l’année passée.
En termes de retombées sur l’activité des vignerons il est encore trop tôt pour le dire. En effet, comme nous le savons, le secteur est en crise. Afin d’aider au mieux les vignerons, le CIVB a entamé un plan d’arrachage et de distillation. 1/3 de ce plan est financé par le CIVB et les 2/3 restants sont pris en charge par l’Etat. Ce plan a pour but de réduire l’offre mais surtout de relancer la demande, avec des évènements comme Bordeaux Fête le Vin.
En plus des bons retours du public, les vignerons ont également témoigné : « cela met du baume au cœur de pouvoir échanger avec le public ». Cette édition a été le terrain de rencontres entre les générations, un public jeune venu en nombre pour échanger sur les Vins Bordelais. Cela leur donne envie d’en découvrir davantage.
Quelles sont les tendances en matière d’œnotourisme en Gironde ?
Cette fête du vin est une passerelle pour booster les visites dans les vignobles et dans la région. Elle donne envie aux visiteurs d’aller découvrir les châteaux, de rencontrer les vignerons passionnés. Cela permet de développer des offres larges, comme la restauration, l’hébergement, la visite des domaines ou encore des sites d’escape-game. Elle est mise en lumière par Gironde Tourisme avec l’opération « Bordeaux Wine Trip » mais aussi par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux dans le cadre de « Great Wine Capital ». Cela permet de créer du business, de la valeur et de l’image.
Au début des années 2000, nous étions en retard sur l’œnotourisme. Cela a totalement changé, grâce en partie à la Fête du Vin qui a été créée en 1998, boostée par la Cité du Vin qui a amené des touristes à Bordeaux en créant un besoin. Si un touriste a été séduit lors de sa visite à Bordeaux, il se tournera plutôt vers un vin bordelais dans les restaurants de Londres, Berlin ou New York, en racontant son expérience dans la région.
Le secteur du vin dans le tourisme est un vecteur d’image puissant qui construit un lien entre le consommateur, le producteur et le produit. Il y a autant d’offres intéressantes du côté des grands crus que des petits producteurs artisanaux. Aujourd’hui, sur un séjour de trois jours, certains vont passer une journée dans un vignoble, une à la Fête du Vin et une sur le bassin d’Arcachon, tout cela est lié et permet une diversification économique importante. Peu de gens le savent mais le vignoble de Bordeaux est le plus visité de France !
L’objectif pour nous est clair, la Cité du Vin comme la Fête du Vin, doivent être des vecteurs de développement de l’œnotourisme. Les consommateurs boivent moins mais mieux, à raison d’une à deux fois par semaine. Ils veulent des vins de meilleure qualité, connaitre le vin, savoir déguster, apprendre l’histoire du domaine et savoir qui est derrière la bouteille. Ils sont aussi plus sensibles aux appellations et aux labels comme le bio. Le vin est passé d’un produit alimentaire à un produit culturel.
Tout cela est facilité par les formations de l’Ecole du Vin avec de l’échange et du storytelling. Lors de cette édition de la Fête du Vin, nous avons battu un record de personnes formées en quatre jours.
Où en sommes-nous de la démarche RSE de la filière lancée par le CIVB
Coté transition écologique, l’objectif est de faire de Bordeaux le premier vignoble RSE au monde. C’est le fil conducteur de toute notre stratégie.
Déjà en 2010, nous avions entamé des changements avec le SME (Système de Management Environnemental) pour travailler sur la réduction d’usages des pesticides. En 2020, nous avons développé cet outil pour aller sur l’ensemble des sujets RSE avec une labellisation qui s’appelle « Bordeaux Cultivons Demain ». Cette démarche englobe tous les sujets environnementaux : bilan carbone, usage de l’eau, de l’énergie, baisse d’usage des pesticides et diminution d’usage des CMR, voire arrêt de leur utilisation.
Cette initiative a aussi pour but de travailler sur les sujets sociétaux comme les conditions de travail des salariés, des saisonniers et plus globalement du bien vivre ensemble. Nous avons établi une charte RSE globale sous cette marque « Bordeaux Cultivons Demain ». 30 entreprises ont été labellisées en 2022, nous en avons 70 en 2023. Pour 2024, l’objectif est de 300.
Les vignerons apportent plus d’attention à leurs pratiques car ils vivent avec les aléas météorologiques, ce sont les premiers témoins du changement climatique. Ils fournissent donc des efforts en continuité avec les exigences environnementales mais aussi celles des consommateurs. On constate également depuis la crise du Covid, une tendance des consommateurs à acheter local.
Le CIVB a lancé un mouvement nommé « Bordeaux Local », qui incite les restaurateurs, les cavistes et autres, de Bordeaux au bassin d’Arcachon, à proposer des vins de Bordeaux et non pas importés de pays lointains. Il y a d’ailleurs une charte avec les restaurateurs qui s’engagent à n’acheter que des produits fabriqués à moins de 100 kilomètres autour de leurs établissements. Cette initiative incite également les Girondins à découvrir leurs terres associées au patrimoine culturel et gastronomique si riche.
En conclusion, tous les voyants sont au vert concernant une nouvelle édition de Bordeaux Fête le Vin l’année prochaine. Il y a une vraie volonté de la part de la Mairie et du CIVB de réitérer l’expérience tous les ans.